Ah ! Les jardins de nos grands-mères… Rien qui ne dépasse du carré potager, tout est tiré au cordeau. En terre, il n’y a que les haricots et autres plants de tomates qui poussent sur une terre quasiment vierge de tout autre organisme, animaux compris : elles adorent utiliser de l’anti-limaces et de l’herbicide, quand elles ne vont pas elles-mêmes enlever les mauvaises herbes quand elles ont le malheur de pointer leur nez. Un jardin sans défaut. Elles regardent dubitativement celles et ceux qui pratiquent cette drôle de mode, où tout semble être brouillon, voir paresseux. Le plant de maïs côtoie les haricots et autres courges sur la même platebande, le tout avec un florilège de plantes intruses qui sont négligemment laissées en liberté. Il y a aussi cette étrange butte, dont on ne sait pas trop à quoi elle sert ni comment elle fonctionne ! C’est la fameuse permaculture qui prend son essor avec un mélange de retour aux pratiques ancestrales du potager et le refus d’utiliser tout engrais et pesticides. Qu’en est-il exactement ? Nous allons faire le tour de cette notion et de ce que cela implique niveau écologie et rendement.
La permaculture, un renouveau ?
En introduction, sous des traits d’humour, nous avons résumé une évolution de l’état d’esprit de nombreux français quant à leur relation avec le potager. Il en va de même avec les agriculteurs, qui passent de plus en plus vers le bio ou du moins à moins d’engrais chimiques et de pesticides, tout en essayant de maintenir un rendement satisfaisant et un chiffre d’affaires correct. Cette transition n’est pas un processus rapide, car il s’agit d’une part de sensibiliser les acteurs du secteur agro-alimentaire, puis d’autre part de les rassurer avec pédagogie tout en assurant des garanties de succès. Nous pouvons le voir avec la vente en ligne de produits pour les agriculteurs, les spécialistes du secteur proposent de plus en plus de produits faire vivre cette transition vers plus d’éco-responsabilité. Mais revenons à notre permaculture, qui intéresse davantage les particuliers et leur potager. Pour la définir simplement, il s’agit d’une façon d’aborder l’agriculture en s’inspirant sur les principes de développement respectueux de la biodiversité et durable, en s’inspirant du fonctionnement de la nature elle-même. L’être humain a fonctionné ainsi pendant des millénaires et, avec l’industrialisation puis l’agriculture intensive, a perdu ce savoir-faire. La permaculture, qui est un mot rassemblant les concepts de permanence et d’agriculture, repose sur trois idées-forces : savoir prendre soin du sol, de l’être humain, puis d’assurer assez d’abondance pour tous. Il y a aussi une douzaine de préceptes clés pour réussir sa permaculture, dont les plus importants sont l’observation et l’interaction avec la faune et la flore, pouvoir faire une captation de l’énergie et la stocker, être capable de produire, puis de pratiquer l’autorégulation. Ainsi, tout un chacun est en capacité de pratiquer la permaculture, même modestement sur quelques mètres carrés en milieu urbain, sur son balcon. Nous allons voir à la suite comment procéder, du moins quels sont les grands fondements pour créer sa fameuse butte de permaculture.
Créer sa butte en permaculture
C’est la reine des potagers et jardins en permaculture. La butte regroupe toute la philosophie de l’éco-responsabilité, en alliant efficacité et rendement. Pour commencer, il faut créer une motte de terre d’une longueur au choix, d’une hauteur allant entre quinze et trente centimètres (voir paragraphe suivant pour les détails). Il faut y placer les plantes selon un principe important : les grandes doivent faire de l’ombre aux petites, permettant ainsi de conserver la fraîcheur au sol. Sur une telle butte, il est aussi essentiel de regrouper les plantes en fonction de leurs besoins en eau et en engrais naturel, sachant qu’il existe d’autres plantes qui ne sont pas forcément destinées à la récolte et qui font office de répulsif naturel pour les insectes indésirables. Il s’agit, ainsi, de penser son carré de potager en symbiose, c’est-à-dire en interrelation bénéfique. Par exemple avec la notion des trois sœurs : planter un maïs qui sert de mat à une pousse de haricot, le tout protégé par une courge qui conserve la fraîcheur. Puis, il faut ensuite étaler de la paille pour former un paillis, ce qui aide à empêcher les autres herbes qui ne sont pas souhaitées sur la butte tout en contribuant à préserver l’humidité. Pour finir, il s’agit de composter et d’arroser quand il le faut. Ce sont les principaux principes pour une butte de permaculture, alors qu’il existe bien d’autres techniques pour l’améliorer.
Aller plus loin : les couches de sa butte en permaculture
Nous avons vu l’essentiel pour une butte de permaculture. Voyons, pour finir, un exemple de couches d’une butte : commencer au sol par une épaisseur de cartons, puis ajouter une matière verte azotée (ex. : gazon coupé) ensuite une matière brune carbonée (ex. : feuilles mortes), puis recommencer l’étape précédente encore une fois, pour enfin recouvrir le tout par une fine pellicule de compost de quelques centimètres d’épaisseur. La butte doit former en tout une hauteur de 25 à 35 centimètres.